S'il était élu à l'Elysée, François Bayrou pourrait nommer un Premier ministre de gauche. Après l'avoir affirmé dimanche soir sur France 3, il l'a confirmé hier à Libération : «Le portrait-robot du chef de gouvernement selon mon coeur, ce serait Delors en plus jeune.» Issu du catholicisme social, le socialiste Jacques Delors a été ministre des Finances de Mitterrand, avant de diriger la Commission européenne. «J'ai quatre ou cinq profils en tête, affirme le candidat de l'UDF. Des personnalités de droite ou de gauche qui ont mon estime. C'est vrai des anciens ministres socialistes Dominique Strauss-Kahn et Bernard Kouchner, c'est également vrai de Jean-Louis Borloo. La liste n'est pas exhaustive.» Le président de l'UDF n'a par ailleurs jamais caché sa sympathie pour Rocard... qui a participé à la dernière université d'été de l'UDF. Avant l'élection, il aura du mal à dénicher l'oiseau rare. Mais sa sortie vise d'abord à séduire les électeurs de gauche, déstabilisés par la campagne de Ségolène Royal.
«Effet de mode». Cette ouverture de Bayrou vers la gauche intervient alors que les sondages lui sont très favorables. Hier deux enquêtes, Ifop-Fiducial-LCI et Ipsos-le Point (1), donnaient le candidat centriste à 16 % des intentions de vote au premier tour, le plus haut score jamais atteint par Bayrou. A la présidentielle de 2002, il avait obtenu 6,8 % des suffrages. En cas de présence au second tour, selon l'Ifop, il battrait aussi bien Royal (54