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Libération

La fausse bonne idée de la candidature Bové

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L'aventure électorale de José Bové est le révélateur d'une carence des mouvements sociaux.
par Nicolas Dreyer, Jean-Luc Dupriez, Clotilde Maillard, Thierry Renard, Jean-Emile Sanchez
publié le 21 février 2007 à 7h00

Le 1er février paraissait dans Politis un « appel aux libertaires » à voter pour José Bové, candidat à la présidence de la république. Rédigé par Michel Onfray et Yannis Youlountas « en tant que libertaires », ce texte expliquait pourquoi il fallait soutenir leur candidat. D'une part parce qu'il était sincère, courageux et dévoué – ce que nous ne lui dénions pas, et la répression dont il est victime en témoigne – d'autre part parce que « sa parole porte celle des mouvements sociaux » – ce qui est erroné, puisque jusqu'à preuve du contraire ces derniers ne lui ont rien demandé, ni à lui ni à aucun autre candidat. Syndicalistes et/ou militants des mouvements sociaux, par ailleurs communistes libertaires, nous avons été en quelque sorte doublement sollicités par cet « appel », dont la vacuité politique est, à notre sens, symptomatique de l'illusion que constitue l'aventure électorale de José Bové. Car que nous dit ce texte ? La moitié est une apologie de la personnalité du champion, « tout sauf un produit politique stéréotypé », « élevé au lait de Bakounine », qui « persiste à oser l'illégalité quand elle est légitime ». Le reste est un assemblage de vieilles lunes sur les « électrons libres » qui veulent s'« alterorganiser », ou de poussives considérations existentielles sur la valeur du vote et de l'abstentionnisme – pour notre part nous nous pensons que là n'est pas l'essentiel et nous refusons d'opposer, notamment dans les mouvements sociaux, ceux qui votent et ceux qui ne