«C'est là où Nicolas Sarkozy nous a insultés.» La petite troupe s'arrête au pied d'une tour. Autour de José Bové, candidat antilibéral à l'élection présidentielle, des membres de son collectif de soutien, une mini cohorte de journalistes et zéro forces de l'ordre. Hier, le leader paysan était en campagne à Argenteuil, commune du Val-d'Oise célèbre depuis que Nicolas Sarkozy a promis en 2005 d'en chasser la «racaille».
Justement, José Bové marche sur les traces du ministre de l'Intérieur. Ou plutôt, tente de le devancer. Depuis quelques semaines, l'entourage de Sarkozy annonce le retour du ministre sur la fameuse dalle, au pied de la tour où est née la polémique. Lundi, la rumeur a couru que ce déplacement était imminent. Du coup, Bové a voulu lui griller la politesse. A la différence de Sarkozy, le leader paysan est venu en train, sans gardes du corps ni armada télévisuelle.
A l'arrivée au Val d'Argenteuil, où se trouve la dalle, personne, à part quelques gamins qui scandent «José Président !». Hamri, un sympathisant, offre un pique-nique en plein air. Son souci : montrer que les cités ne sont pas des zones de non-droit. «On nous "schématise" [sic] pour des gens violents, des barbares», se plaint un homme. «Sarkozy a voulu stigmatiser les gens des cités, en faire des boucs émissaires. Les jeunes de banlieue sont l'avenir de notre pays, déclare Bové. Le bulletin de vote, c'est une arme. C'est ici, en banlieue, qu'on va faire la différence.»