Montredon (Lot) envoyé spécial
Pour le paysan Bové, les temps sont durs. «Cette année, on a pas ramassé une botte de foin, pas une seule. Pour la première fois depuis trente et un ans que je suis là», explique-t-il, à une myriade de journalistes politiques venus de Paris. «Et vous avez combien de brebis exactement ?» «Cent soixante-dix.» Le Bové candidat de la gauche alternative sait creuser son sillon médiatique. En pull à grosses côtes, jeans et pipe, il faisait hier son salon off de l'agriculture. Chez lui, c'est-à-dire dans sa ferme de Montredon. Ou plutôt dans le groupement agricole en commun (Gaec) qu'il partage avec «Damien qui s'occupe des brebis et Evelyne des fromages» .
Une entreprise agricole collective autogérée comme les 6 000 hectares gagnés par les paysans en lutte dans les années 70 contre le camp militaire. Bové, jeune militant s'est installé en 1976 dans ce petit hameau : «C'était désert, tous les hommes avaient été tués à la guerre de 14.» Aujourd'hui, ils sont sept familles à y vivre. «Paysan d'opérette ? Je suis responsable des cultures, chargé de travailler les champs, de semer, de récolter», énumère-t-il. Enfin, quand il n'est pas en train de voyager comme porte-parole altermondialiste, en prison pour démontage de McDo ou fauchage d'OGM. Ou depuis le 1 er février en campagne électorale.
C'est l'heure de la visite de la bergerie. Damien, 38 ans, montre les 170 brebis et la conférence de presse a lieu dans les bottes de p