Bruxelles (UE) de notre correspondant
Le Conseil européen qui s'est ouvert hier soir à Bruxelles sera le dernier de Jacques Chirac (lire page 17). Il retrouvera certes une dernière fois ses vingt-six collègues à Berlin, le 25 mars, mais ce sera seulement pour célébrer le cinquantième anniversaire du traité de Rome. Son départ va laisser un grand vide : Jacques Chirac n'a pas manqué un sommet depuis son élection en mai 1995. Seul le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, Premier ministre depuis janvier 1995, a croisé la route de son prédécesseur, François Mitterrand. Si tout le monde va regretter l'homme qui sait détendre l'atmosphère en lançant une bonne blague, personne ne va pleurer l'Européen tant son bilan est jugé désastreux, surtout comparé à celui de Mitterrand. Pis : tous les partenaires de Paris ne cachent pas qu'ils attendent avec impatience son successeur pour relancer une construction communautaire paralysée depuis le «non» au référendum. On peut résumer Chirac et l'Europe à quelques dates.
1995 : dès son arrivée au pouvoir, il suspend l'application de l'accord de Schengen sur la libre circulation des personnes qui venait à peine d'entrer en vigueur puis, dans la foulée, annonce la reprise des essais nucléaires. «Il a téléphoné à Kohl dix minutes avant son intervention télévisée», se souvient un des conseillers du chancelier. A la fin du mois d'octobre, Chirac fait de la qualification pour la monnaie unique sa priorité et renonce à réduire la «fracture sociale