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«Misératrouille !»

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par François SALVAING
publié le 9 mars 2007 à 6h32

On ne se refait pas, depuis des semaines je me farcis des colonnes d'articles et de tribunes, des heures de débats télévisés et radiophoniques. Consciencieux je suis, et pas le seul. Cependant nous demeurons, d'après les sondages, près d'un sur deux à ne pas être sûrs de ce que nous allons voter. Je nous comprends.

L'emploi, l'école, l'écologie, etc., les priorités pleuvent comme des évidences, les unes après les autres, les unes sur les autres. S'entassant, se contredisant et s'annulant. Et les trois candidats qu'on nous assigne ne sont pas les moins prodigues de solutions. Nous serions, paraît-il, prêts à faire comme si ces trois-là, l'une puis l'autre, l'un avec l'autre, n'avaient pas, depuis vingt ans, échoué à résoudre ou participé à créer les problèmes qu'ils se font forts de régler, sitôt élus. Plus j'écoute et moins j'entends, plus je regarde et moins je vois. Les repères se brouillent. À quoi cela tient-il ? Sans doute à ce qu'aucune explication d'un peu de profondeur ne m'est proposée sur l'état du pays. La faute aux autres, disent les uns et les autres. Dans ce refrain gisent le risque de l'abstention et la chance obscène du goitre qui s'en nourrit.

L'affaire EADS, par ce qu'elle révèle, engage et menace, aurait pu fournir l'occasion d'un débat sur l'Etat, le marché, l'Europe, le monde qui éclaire la perspective où chacun se situe ­ si ce n'est pas la même. Les trois principaux candidats, un petit tour à Toulouse et puis l'esquivent. C'est qu'une épouvante les rasse