Du point de vue du garde des Sceaux, un magistrat impartial serait-il un magistrat qui partage les convictions de l'UMP ? C'est la question que pose le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) après les tracasseries subies par l'une de ses membres qui a décidé de coprésider un comité de soutien à Ségolène Royal. Josiane Bigot, conseillère à la cour d'appel de Colmar, a été convoquée le 13 mars par son premier président, Alain Nuée, à la demande de la chancellerie.
Carrière. A l'origine de ce qui ressemble à la première étape vers une possible procédure disciplinaire, des propos, rapportés le 19 janvier dans les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA), où elle expliquait sa décision d'afficher publiquement et pour la première fois en trente ans de carrière une opinion politique. «Si je franchis le cap de l'engagement en faveur de Ségolène Royal, après quelques nuits d'insomnies, c'est parce que je n'ai jamais senti la justice autant en danger qu'aujourd'hui», affirmait-elle entre autres.
Elle redoute notamment le «principal opposant» à la candidate socialiste, Nicolas Sarkozy, qui «affiche haut et fort son irrespect de l'institution judiciaire». Puis, le 22 janvier, au journaliste des DNA qui lui lance «c'est un coup de canif ou de hache dans le principe de la séparation des pouvoirs», elle répond : «Disons un coup de canif. C'est une obligation que je m'étais volontairement appliquée, bien qu'un magistrat puisse se présenter dans un