Avant sa fuite à l'été 2004, Cesare Battisti était gardien d'immeuble à Paris, écrivain de polars, marié à une Française et père de deux filles. Il vivait au grand jour ici «dans son pays la France», selon ses mots, depuis quatorze ans. Il expliquait que sa «guerre» des années de plomb en Italie était finie depuis longtemps. Il avait affiché sur les murs de sa soupente des cartes du monde, de l'Europe et un plan de sa ville natale, Latina en Italie, ville bâtie par Mussolini au sud de Rome, dont il a fait le théâtre de l'un de ses romans.
Né en décembre 1954, Cesare Battisti quitte le lycée à l'adolescence et se retrouve en prison en 1974 pour de petits délits. C'est là qu'il se «convertit» à la lutte armée. Issu d'une famille ouvrière «religieusement communiste» (1) qui vénère Staline, Cesare, le petit dernier arrivé «par erreur» longtemps après ses cinq frères et soeurs, se tient par rejet à l'écart des Brigades rouges, sorte de «PC armé» à ses yeux. Mais il gravite dans la mouvance plus libertaire de Lotta Continua. A 22 ans, il adhère à l'organisation Prolétaires armés pour le communisme (PAC) : «On voulait attaquer les pouvoirs avec l'ironie. On a été poussés à la lutte armée. C'était un piège et on est tombé dedans», dira-t-il quinze ans plus tard, sans pour autant renier son passé.
Corto Maltese. Arrêté en juin 1979, dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'un bijoutier à Milan qu'il nie, il