C'est une meneuse de troupe, une radicale, une forte tête au tempérament d'insurgée. Elle a le cheveu court, blond peroxydé, et la pupille noir panthère laqué. Porte des pantalons larges et du sweat-shirt trois bandes zippé, des croquenots au cuir craquelé et des chaussettes japonaises. Se déchausse illico parce que, pieds nus, elle se sent mieux pour respirer. Elle aime le voyage immobile que lui procure le vouvoiement mais tutoie d'emblée. Son sourire, comme celle des rappeurs, laisse apparaître une dent de devant qu'elle a tout en or. Chez elle, le discours anime d'abord le corps. Son verbe s'est musclé au fil de ses étirements, elle est entrée dans la danse à 5 ans. Centrée sur un corps fusible et élastique, Régine Chopinot se pose toujours dans un perpétuel mouvement. C'est une femme papillon avec des bottes de sept lieues plombées par un passé qu'elle saluerait volontiers d'un «bon débarras». Ses pièces chorégraphiques ont le goût du décalé. Du tutu revisité à la mise en scène pied de nez, elle a monté la plupart de ses spectacles en collaboration avec le couturier Jean Paul Gaultier. Les deux talents offrent l'étoffe de leur insolence, faite de quatre-vingts silhouettes, lors d'une exposition au musée des Arts décoratifs, à Paris.
Régine Chopinot aime la sape. Celle de la rue, comme individualité et manière de se signer. Va jusqu'à préciser qu'elle découpait, adolescente, «comme une maniaque», les magazines pour placarder sa mode sur toutes les portes