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Libération
Interview

«L'indifférence politique a permis la flambée»

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publié le 26 mars 2007 à 6h50

Jean-Pierre Petit est directeur de la recherche économique et de la stratégie d'investissement chez Exane BNP Paribas. Il est coauteur de la Finance, autrement (Dalloz, 2005).

Pourquoi la question du logement est-elle si peu présente dans la campagne ?

Elle l'est en fait et de façon un peu confuse à travers la problématique du pouvoir d'achat. De 1997 à 2006, les prix des logements ont augmenté de 125 % en France (100 % hors inflation) alors que le pouvoir d'achat du revenu disponible des ménages n'a progressé que de 24 %. En d'autres termes, l'inflation immobilière a été quatre fois plus rapide que la progression du pouvoir d'achat. Le cycle immobilier a été largement découplé du cycle économique.

Pourquoi cette relative indifférence à l'égard de l'inflation immobilière ?

Les phénomènes d'inflation ne trouvent leurs limites que dans la tolérance du corps social. L'inflation immobilière est en fait «agréable» pour les propriétaires qui sont majoritaires (60 % des Français) puisqu'elle crée un sentiment (au moins virtuel) d'enrichissement. Cette approche correspond bien aux sociétés vieillissantes, où la concentration des patrimoines est proportionnelle à l'âge. Il ne s'agit en fait que d'un arbitrage social qui s'opère entre, d'un côté, les actifs mûrs rentiers-héritiers, grands gagnants, et d'un autre côté, les jeunes, les salariés et les primo-accédants, grands perdants de l'inflation immobilière. Jusqu'à présent, l'indifférence sociale et politique à l'égard des perdan