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La pierre prise par l'ivresse des sommets

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Se loger est devenu une des principales préoccupations des Français. Exemple à Grenoble, une des villes les plus chères de province.
publié le 26 mars 2007 à 6h50

Grenoble envoyée spéciale

Marie et Erwan, 33 ans, savent qu'ils font «rire les agences immobilières». Elle est intermittente du spectacle. Lui, maître d'oeuvre dans le bâtiment. Autrement dit, pas de fiches de paie, encore moins de contrats de travail. «On est hors des cadres. Enfin, hors des cadres pour un agent immobilier, parce que notre situation n'a rien de bien exceptionnelle», résume Erwan. Pour eux, trouver une location a été un parcours «compliqué»,«long». Mais surtout «vexant».

Erwan se rappelle quelques phrases, lâchées naturellement dans des agences de Grenoble (Isère) à la vue de leur dossier. «Vous auriez été postier, ça ne posait pas de problème, mais, là, je ne peux rien faire...» Ou, moins aimable : «Je ne fais pas dans l'humanitaire.»«C'est vexant parce que cela fait dix ans que je travaille et que je n'ai jamais été au chômage», explique Erwan. Marie, elle, parle du malaise à demander à ses parents de se porter caution alors qu'ils vivent avec une toute petite retraite.

Pourtant, à deux, Marie et Erwan gagnent entre 3 000 et 4 000 euros. Problème : les revenus sont irréguliers. Ils ont finalement trouvé, il y a un an de cela, une sorte d'objet immobilier non identifié : une maison de plain-pied de 60 m2, en béton ocre, posée de façon incongrue au pied d'un ensemble d'immeubles beaucoup plus récents. Lorsqu'ils emménagent, les lieux frisent l'insalubrité. Ils négocient trois mois de loyer pour ripoliner e