Menu
Libération

Marie-Thérèse vote «Louis XIX»

Article réservé aux abonnés
A l'heure du thé, dans une résidence pour personnes âgées à Paris, dans le XVIe.
publié le 26 mars 2007 à 6h50

Paris, XVIe arrondissement, avenue Victor-Hugo. Goûter dans une résidence pour personnes âgées. 27 appartements avec kitchenette. Accueil délicieux des résidents dans le salon Empire sous la douce autorité de Mme la directrice, une belle femme aux yeux pétillants. Marie-Thérèse, «ancienne traductrice» et elle-même résidente, a vécu «une vingtaine d'années aux Etats-Unis et en Angleterre». Elle en termine avec sa conférence «sur Washington». Le thé fume dans les tasses. Sept femmes et un homme, un ancien officier de 92 ans, un sphinx qui ne pipera mot et filera en douce. Les visites sont rares, et souvent les résidents n'ont plus de famille. Joie profonde de commenter l'actualité et de donner son sentiment sur la campagne présidentielle, disent-elles. Mais mise en garde toutefois : ne pas croire qu'on mangerait du gigot tous les jours sous prétexte qu'on habite le XVIe. «Derrière ces beaux immeubles, il y a ici une pauvreté cachée. Tenez ! Cette dame âgée, découverte par les services sociaux de la ville, qui couchait à même le sol !» se désole Marie-Thérèse. Cette dernière glisse, l'oeil malicieux, qu'elle voterait bien «pour Louis XIX». Rires de ces dames découvrant que leur conférencière est monarchiste. Marie-Bernadette, qui lui fait face, est d'une coquetterie folle. On sent une dame qui a dû en faire tourner, des têtes. «Ancienne des Beaux-Arts et styliste dans la mode», elle est issue «d'une vieille famille de Sarlat». A