Serge Portelli est magistrat à Paris, et auteur de «Ruptures», un ouvrage disponible sur le site www.betapolitique.fr, dans lequel il décortique le programme de Nicolas Sarkozy.
Quels sont selon vous les points marquants du bilan de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur?
L'explosion du nombre des gardes à vue: 530 000 en 2006. C'est un record absolu. Elles ont progressé de 40 000 par an, en moyenne, depuis cinq ans. Il n'y a aucune raison que ça s'arrête. C'est une stratégie définie à haute et intelligible voix, et même une philosophie: «Je demande aux policiers non plus de faire de l'ordre public, mais d'interpeller.» La consigne est réfléchie, argumentée et claironnée du matin au soir à tous les préfets et directeurs départementaux de la sécurité publique (DDSP). Nous sommes ainsi passés d'une police d'ordre public à une police d'interpellation ou de garde à vue. Les enquêtes et les investigations longues et minutieuses ne sont plus à la mode. On ne s'occupe pas tant de faire baisser la délinquance – il suffit de manipuler les statistiques – que d'effectuer un maximum d'interpellations. C'est une police de rue, qui s'attaque à la délinquance évidente, une police d'efficacité médiatique. En deuxième ex-aequo, je placerais la multiplication des fichiers et la chasse aux étrangers. Nicolas Sarkozy demande aux policiers d'être «très performants et plus réactifs dans le maillage du territoire et des quartiers», une vision de la so