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«Comme si souffrir au boulot devait être valorisé»

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Quelle place occupe la question de l'emploi dans la campagne et quelles sont les propositions des candidats ? Philippe Askenazy, économiste et chercheur, répond.
publié le 27 mars 2007 à 6h51
(mis à jour le 27 mars 2007 à 6h51)

Philippe Askenazy, économiste, est chargé de recherches au CNRS. Il a écrit les Désordres du travail, enquête sur le nouveau productivisme (la République des idées, Seuil).

Comment percevez-vous la façon dont les candidats parlent de la question du travail ?

Tous les candidats ne parlent que de la valeur travail, mais ça ne veut pas dire qu'ils se penchent sur les conditions de travail. Les Français travaillent dur, plus dur que dans beaucoup d'autres pays européens. Leur temps de travail est légèrement plus faible, mais la dernière enquête sur les conditions de travail montre que l'intensification du travail s'est stabilisée en France, alors qu'elle baisse chez nos voisins. Ainsi, en Allemagne, les TMS (troubles musculo-squelettiques provoqués par les gestes répétitifs, ndlr) ont baissé depuis cinq ans. En France, il faut des drames, comme au Technocentre de Guyancourt de Renault, pour qu'on se pose enfin des questions sur l'organisation du travail. Cette usure due à la vie professionnelle a des conséquences économiques ­ la prise en charge des maladies professionnelles et des accidents du travail coûte cher ­ et démographiques : les Français devront prendre leur retraite plus tard, ce qui est impossible s'ils sont prématurément cassés. L'espérance de vie d'un ouvrier français est parmi les plus basses d'Europe.

Pourquoi les candidats n'en parlent-ils pas ?

Chacun a «sa» valeur travail. Celle de Ségolène Royal, c'est d'avoir un emploi.