En installant son siège de campagne dans le 10e arrondissement de
Paris, Nicolas Sarkozy se livre à une stratégie ambiguë. Si «
l'histoire d'un peuple est celle de sa géographie » (De Gaulle),
pourquoi celle d'un candidat à la présidentielle ne serait-elle pas
celle de son quartier général ? Notons d'abord que cette implantation
a déjà réussi à Jacques Chirac, qui s'était posé en 2002 Faubourg St
Martin, dans le même carré : Sarkozy est-il superstitieux ou son
inconscient est-il topographique ? Brutus marche en tout cas sur les
pas de César. Prisé des politiques, le 10e arrondissement est l'un des
quartiers les plus révélateurs de la transformation spectaculaire
récente de Paris : jadis populaire et petit-bourgeois (il y a encore
40% d'employés et d'ouvriers), il attire aujourd'hui une population
jeune et aisée qui a les moyens de vivre intra muros. Naguère
financièrement accessible — ce n'est plus le cas désormais — le 10e,
grâce à son passé populaire, conserve un parfum post-industriel qui
plaît à la bourgeoisie-bohème, socialement bourgeoise mais
stylistiquement à gauche. Passant outre l'image du quartier, Sarkozy
s'y loge non sans audace, tandis que la gauche prétendument incarnée
par Ségolène Royal campe Boulevard St Germain, ce qui en dit long sur
son désir de retrouver sa base populaire. D'un point de vue
géostratégique, Sarkozy a donc réussi son coup, malg
Sarkozy et le 10e
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par Thomas Clerc
publié le 27 mars 2007 à 7h00
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