S'il fallait voter demain, Paul voterait pour Bayrou. Ça énerve sa mère autant que ça la désespère. La dernière fois (Libération du 27 février), elle défendait déjà bec et ongles Ségolène Royal face à un mari tenté par le candidat UDF. Voilà que son fils s'y met aussi. Paul, 19 ans, se dit «de gauche». Mais, ajoute-t-il, Bayrou n'a pas un «discours de droite-droite».
La preuve : «Quand il parle, il fait attention aux personnes en difficulté.»«Bon, c'est vrai qu'il veut favoriser les entreprises, mais il regarde quand même les classes inférieures et moyennes.»
Paul, étudiant en première année de géographie à l'université de Saint-Quentin-en-Yvelines, a potassé les programmes. L'environnement l'intéresse, mais un vote Vert s'apparente pour lui à un vote perdu. «Bayrou apparaît comme l'antisystème, antimédia, c'était bien joué... On en a marre du clivage droite-gauche. Ça ne veut plus rien dire.»
Sa mère, qui avait voté Besancenot en 2002, l'interrompt : «Grâce à Mitterrand, on a pu bénéficier d'avantages sociaux, ce n'est pas rien. Autre exemple : le collège unique a été un échec parce que la droite n'a pas mis les moyens qu'il fallait.»
La démonstration est un peu vaine. A la fac, les copains de Paul font le même choix que lui. «Vous n'êtes pas assez contestataires, se désole Marie-Hélène Lienne. Vous avez été trop protégés. Vous n'avez plus la notion de vous battre pour des valeurs.» Marie-Hélène a été syndicaliste