Une banale interpellation de voyageurs sans billets a dégénéré hier soir en quasi-émeute à la gare du Nord, importante station parisienne, intersection entre le métro de la capitale et les trains de banlieue, très fréquentée par des blacks. A peine les jeunes ont-ils été interpellés, qu'une foule se met à crier : «Libérez les jeunes.»«Ils étaient une dizaine au départ puis 100 à 200», précise une source policière jointe par Libération peu avant 20 heures. «Leur attitude était très hostile mais a priori il n'y a pas eu de dégradations.» Parmi les protestataires, il n'y a pas que des ados à capuches, prompts à en découdre et à utiliser les poubelles comme ustensiles lors des échauffourées, mais aussi des quadras ou quinquas prêts à scander «Sarkozy, enfoiré».
Devant le local de police de la gare du Nord, plusieurs centaines de personnes font mine de donner l'assaut. Il n'aura pas lieu, l'émeute en tant que telle reste canalisée, à défaut d'être bon enfant. Mais le ton est donné : «Police partout, justice nulle part», comme disaient les anciens gauchistes. Entre Blacks et Blancs, d'accord sur le constat, on discute sérieusement : faut-il seulement protester ou contester à mains nues ?
Il suffirait d'une étincelle. Les flics tentent une sortie, la foule recule. On est à deux doigts de l'émeute dans les sous-sols parisiens. Elle est finalement évitée. Mais l'ambiance surchauffée révèle qu'il suffirait vraiment d'un rien pour que