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Libération

La peur, moins prégnante dans les bus de Seine-Saint-Denis

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De Montfermeil à Clichy-sous-Bois en passant par Bondy, paroles de voyageurs de la banlieue parisienne.
publié le 28 mars 2007 à 6h52

En 2002, on n'entendait qu'elle. Aujourd'hui, elle ne bat pas la campagne. Elle est pourtant présente, par petites touches. L'insécurité, c'est Kader qui en parle, en quittant la nationale 3, pour entrer dans la cité, à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. «C'est là que tu te mets sur un autre mode. Tu regardes dans le rétro, tu fais davantage attention. Même si c'est inconscient.» Kader ne part pas travailler avec la boule au ventre. Sur les lignes de bus qu'il parcourt comme machiniste, il ne laisse «rien passer», ne se faitpas déborder par la moindre insulte. S'arrête, quand une femme enceinte n'a pas de place. Et il analyse. Depuis les émeutes de 2005, «ça s'est calmé». Même si les témoignages de collègues pour qui «ça tourne mal» le font gamberger.

Dépouiller. Il faut dire que Kader en impose. Grand, baraqué. A côté de lui, son collègue Aziz. Il y a quatre ans, il était contrôleur. Trop exposé. Lassé des insultes, il est passé à la maintenance. Aziz : «ça s'est calmé ? Est-ce que tu ne t'es pas plutôt habitué ?» Pour lui, l'insécurité, c'est chez lui, à Clichy-sous-Bois, qui jouxte Montfermeil. Aziz, obligé de garer sa voiture dans une rue interdite au stationnement pour qu'elle ne se fasse pas dépouiller. Las, les policiers verbalisent tout ce qui s'y trouve, mais «n'entrent jamais dans la cité».

Bus 134, de Bobigny à Bondy, dans les quartiers nord, un soir. Les gens se parlent tranquillement. Certains sommeillent. Samba travaille