Hugues Lagrange est chercheur à l'Observatoire sociologique du changement (CNRS). Il est l'auteur, avec Marco Oberti, de Emeutes et protestations, aux presses des sciences politiques.
Pourquoi l'insécurité n'est plus un thème de la campagne de 2002 ?
Quand on regarde le baromètre de la Sofres, la préoccupation de l'insécurité monte de 20 à 60 %, entre janvier 1999 et janvier 2002. Ce qui préfigure l'importance qu'elle aura dans la campagne. Puis, entre 2002 et 2006, on redescend à 20 % . La question décolle au début des années 2000. Même s'il y a une question d'agenda imposé par les politiques, dans lequel les médias ont un rôle. Ils sont capables d'amplifier un mouvement. L'intervention télévisée de Jacques Chirac le 14 juillet 201, quand il parle de l'insécurité et l'histoire de Papy Voise juste avant le premier tour de la présidentielle de 2002 ont eu des conséquences. A la fin des années 90, l'élévation des violences urbaines, des vols d'automobiles ont provoqué une très forte sensibilité de l'opinion. La question du chômage est importante, à l'époque, mais supplantée par l'insécurité. Après 2002, il y a un basculement. La précarité, la délocalisation, le chômage deviennent des thèmes dominants. La crainte que nous ne soyons plus protégés de l'environnement international prend peu à peu le pas sur la question de l'insécurité.
Avec les émeutes de 2005 ce sentiment a-t-il été réactivé ?
A chaque épisode de violence urbaine, ce sentiment était activé. Pas en 2005. Les ém