Dans une panière, des ballerines pailletées or ou argent. Cinq euros, annonce l'affiche en carton juste au-dessus. Au niveau supérieur, un autre magasin de maroquinerie. Plus chic. Dehors, des sacs, en imitation cuir, sont annoncés à quinze euros. Dans la vitrine, d'autres coûtent 445 euros. Les passants ne s'arrêtent pas et tracent tout droit vers le supermarché niché au fond et qui proclame, en vitrine, «pas besoin d'aller plus loin pour dépenser moins». Difficile d'échapper aux prix, aux promotions, aux rabais, à la «lutte contre la vie chère». Comme si la préoccupation du pouvoir d'achat, qui monte dans la campagne électorale, n'avait pas attendu les propositions des candidats pour exister vraiment.
Au marché de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Sébastien vend des primeurs. Deux salariés, qui pèsent, emballent les pommes de terre, les citrons, les oignons.
Devant l'étal, des Maliennes, chariot à carreaux verts en main. Des jeunes couples de bobos, graphistes, cinéastes, artistes, journalistes, sapés décontractés mais à la mode. Des vieilles dames retraitées. Tout le monde regarde attentivement les étiquettes. Tous renoncent à un moment ou à un autre à craquer pour des «citrons de Menton» à 6,95 euros le kilo. Ce qui part ? Les oignons, ordinaires (1,95 euro le kilo), et les patates. «Les pommes de terre, c'est un bon moyen de savoir si les gens ont des sous ou pas, dit Sébastien. Tout le monde en achète, pauvre ou pas. C'est le dernier légume qui reste