Si l'agression d'un septuagénaire à Orléans donna en 2002 le ton au premier tour, peut-être l'arrestation d'un quinquagénaire à Belleville imprimera-t-elle cette fois à la campagne une inflexion inverse orientant autrement ce sentiment diffus, anonyme et circulant, qui décide parfois du sens d'une élection. Celui-là, «Papy Voise», filmé par les caméras de TF1, avait un nom, un visage, des oreilles attentives pour écouter son récit ; de celui-ci, grand-père chinois anonyme dont certains commencent à sous-entendre qu'il n'est pas assez vieux pour mériter la compassion, l'objectif vigilant d'un téléphone portable aura seulement saisi la soustraction, l'absence, son histoire égarée au bas d'une pile sur les bureaux de l'Ofpra ou quelque part en préfecture.
Une autre différence importe : l'émotion suscitée par l'agression de 2002 en appelait, de l'autre côté de l'écran, à une opinion publique faite de citoyens isolés, émiettés par la peur, décidant silencieusement de remettre de l'ordre, foule d'individus n'ayant guère en commun que de se reconnaître ensemble dans la puissance publique incarnée par les hommes en bleu. Les images de 2007, au contraire, rendent directement visible une petite communauté (instits, directrice, parents d'élèves) donnant de la voix et du plat de la main sur le capot d'une voiture de patrouille, refusant la brutalité menée en son nom par les policiers et renvoyant, du coup, ces derniers à leur faiblesse un peu panique : sur la vidéo, la violence policiè