Olivier Bouba-Olga est maître de conférences à l'université de Poitiers (1). Il a publié en 2006 les Nouvelles Géographies du capitalisme : Comprendre et maîtriser les délocalisations (Seuil).
Comment les candidats abordent-ils les délocalisations ?
Mal. Que ce soit à droite ou à gauche, ils sont à côté de la plaque. François Bayrou et Nicolas Sarkozy y voient un problème de coût du travail, trop élevé en France, auquel il faut répondre par une baisse des charges. Le même Bayrou avance qu'un salarié chinois coûte 72 fois moins cher qu'un Français. Dans ce cas, je ne suis pas sûr qu'un allégement sur le Smic suffise... Quant à Ségolène Royal, qui avait annoncé son intention de «terroriser les capitalistes» dans une interview au Financial Times, elle conditionnera les aides aux entreprises à leur engagement de ne pas délocaliser si elles font des profits. Pas très réaliste et encore moins efficace.
Alors que faut-il faire ?
D'abord redire, comme le montrent les études, qu'au total les destructions d'emplois pour motif de délocalisation ne représentent qu'entre 5 à 10 % des emplois détruits, c'est-à-dire peu. Les délocalisations sont essentiellement des problèmes locaux liés à certains secteurs, certains territoires et certains niveaux de qualification. Autre point fondamental : elles ne sont pas forcément à sens unique, avec un solde systématiquement négatif. S'il fallait résumer en une phrase, je dirai qu'il faut arrêter de croire que tout part, alors qu'en r