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Dans les Vosges, des médecins à flux tendu

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Peu de praticiens en zones rurales, peu de spécialistes, le bilan est amer.
publié le 5 avril 2007 à 7h03
(mis à jour le 5 avril 2007 à 7h03)

A Epinal, préfecture des Vosges, le docteur William Kaise exerce depuis trente-quatre ans. «Je suis à deux ou trois ans de la retraite et je n'ai jamais autant bossé», affirme ce dermatologue. Pour un rendez-vous, compter deux mois et demi d'attente minimum : «J'essaie de faire du mieux que je peux. C'est ça ou alors j'installe le lit de camp dans le cabinet, et ce n'est pas comme ça que l'on fait de la bonne médecine.» A Saint-Dié, l'ophtalmologue Jacques Delaveuve, 65 ans, enchaîne «35 à 40 consultations par jour, avec des gens qui font parfois 60 bornes pour venir». Fin 2007, il cessera son activité, certain de ne pas être remplacé : «Chez les médecins des Vosges, il y a plus de départs en retraite que de nouveaux.» Le docteur s'inquiète : «Bientôt, je ne serai plus médecin, je serai malade et je me demande comment je vais être soigné...»

Bébé fiévreux. Dans le département des Vosges, les spécialistes libéraux manquent. Au 1er janvier 2005, la Drass (direction régionale des affaires sanitaires et sociales) de Lorraine en recensait 183 pour 380 000 habitants, soit 48 spécialistes pour 100 000 habitants, contre 88 pour 100 000 en moyenne nationale. Dans l'annuaire, on ne trouve que quinze pédiatres et douze dermatologues, dont l'un vient en fait de prendre sa retraite. Forcément, les patients s'en ressentent : «Ma fille de douze mois avait de la fièvre, il a fallu que je fasse cinq médecins pour qu'un pédiatre