Lille de notre correspondante
Comment ça va avec la police ? Voici Malik (1), 21 ans, intérimaire dans les travaux publics, Mohamed, 34 ans, agent de sécurité au chômage, et Brahim, 19 ans, qui cherche une formation. Dans un foyer des jeunes travailleurs à Roubaix (Nord), ils vivent dans 10 m2 chacun. Bien avec les éducateurs, mais fâchés avec la police. Ou plutôt la police fâchée avec eux, comme ils le racontent.
Malik : «Un jour, j'en discutais avec un flic. Il m'a dit : "Y a des cons partout." Je lui ai répondu : "Le problème, c'est que les 5 % de cons chez vous, ils sont armés."» Mohamed : «Tu marches avec deux ou trois copains, la voiture de police s'arrête. Contrôle. Ta tête leur revient pas, et c'est parti : "Tu te fous de ma gueule ?" Et puis "bougnoule, bicot". Encerclé par dix policiers, le mot "bicot", ça fait mal. Ils attendent que tu pètes les plombs.»
Malik a grandi avec les contrôles de police. Une fois, deux fois, trois fois, dix fois. «Il faut les niquer avec le stylo, dit-il. Si chaque jeune tabassé faisait un rapport, c'est plus la justice à deux ou à trois vitesses, c'est toute la boîte de vitesses qui explose.»
La première fois, il avait 16 ans. «Dans le métro. J'avais un tee-shirt avec le drapeau algérien. Les flics sont arrivés sur moi à quatre. "C'est le drapeau de quel pays ?" Moi : "Le drapeau de la France." Un coup de tête, je suis tombé. J'étais mineur ! Dans la voiture, je les ai insultés. Ils ont brûlé le tee-shirt ave