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Au royaume de l'inné...

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Sarkozy développe une théorie typiquement néoconservatrice.
publié le 7 avril 2007 à 7h05

«C'est un mode de pensée assez banal, reflet du grand courant de pensée dominant au niveau mondial : le courant naturaliste, biologisant, néodarwinien, pour qui l'inné prime l'acquis», résume, d'un air un peu rigolard, Marcel Gauchet, rédacteur en chef de la revue le Débat et historien des idées. Les analyses à l'emporte-pièce de Nicolas Sarkozy sur la pédophilie et le suicide (lire ci-dessus) ne tombent pas du ciel. Dans la vaste bataille entre la vision de l'homme comme fruit de son milieu, défendue par la pensée d'Europe continentale, et celle d'un homme prédéterminé par ses gènes, qui domine dans le monde anglo-saxon, le candidat UMP choisit son camp : «Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense», affirme-t-il à Philosophie magazine d'avril.

«Je suis né hétérosexuel». «C'est typique des thèses néoconservatrices, qui reviennent à réduire l'humain au biologique et à dire : "On n'y peut rien'', souligne Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse. Certes, il existe des maladies psychiatriques d'origine génétique. Mais ce n'est pas le cas du suicide, qui peut prendre des formes très différentes selon les cultures, ni de la pédophilie, dont les statistiques montrent qu'elle peut être soignée par la psychothérapie.» Extension du domaine de l'inné : ministre de l'Intérieur, Sarkozy avait provoqué une levée de boucliers en proposant le dépistage chez les enfants de moins de trois ans les signes avant-coure