Nombre de Français, las des affrontements entre la gauche et la
droite, seraient désormais prêts à s'aventurer sur cette troisième
voie que prétend tracer M. Bayrou. Loin des idéologies (« dépassées »
et « stériles », cela va de soi), l'horizon politique se dessinerait
donc autour de cette « majorité centrale ». Et les différents hérauts
de cette synthèse à venir (« Une fois élu, je pendrai les meilleurs à
gauche et les meilleurs à droite ») de se tourner vers l'étranger –
l'Allemagne en particulier -, bien plus raisonnable évidemment que la
France et ses positions politiques « sclérosées ».
On pourrait évidemment moquer la prétention du leader de l'UDF à
vouloir ainsi incarner le « bon sens » en politique. On pourrait
également interroger le ton assuré de celui qui, les pieds fermement
plantés dans cette terre de France qui, comme chacun sait, ne ment
pas, assure savoir ce que « les Français veulent ». Pour autant, la
démarche que M. Bayrou dépasse la simple mise en scène autour d'un
tracteur, et s'avèrerait lourde d'implications pour le fonctionnement
même de l'espace politique… si elle ne renvoyait à une position
intenable.
Il n'est tout d'abord pas acquis que le clivage gauche/droite ait, du
jour au lendemain, déserté la perception que les potentiels électeurs
du candidat démocrate-chrétien ont de la compétition politique. Un
coup d'œil en direction de l'électeur-type que certains médias tentent
de façonner (le fameux « je suis de gauche, mais je vote Bayrou »)
suffit à en convaincre. N'en dép