Ce sera leur premier vote. Mais pour qui ? Ils viennent d'avoir 18 ans, ils sont inscrits sur les listes, ils veulent voter. Ils pataugent. Ne connaissent pas les programmes, se tâtent, confondent droite et gauche. Et la campagne, entre eux, ils en parlent «vite fait». Pourtant, quoiqu'il arrive, Ryan, lycéen en marketing à Chelles (Seine-et-Marne), se rendra dans l'isoloir. «Avec ce qui s'est passé la dernière fois, Le Pen au second tour, on s'est dit : "Il ne faut pas que ça recommence." On est obligé de voter. On veut éviter le pire.» Ryan avait 13 ans le 21 avril 2002. N'empêche. Cela compte autant pour lui que pour Fabien, 22 ans, qui a «raté» la dernière présidentielle à six mois près. «Il n'y a pas que 2002, glisse une lycéenne de Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), qui souhaite être prof de français. Les incendies [en banlieue en novembre 2005, ndlr] ont donné conscience qu'il ne fallait pas laisser les choses dégénérer.» Voter, donc.
«C'est le bordel». Ryan hésite entre «Ségolène et Sarkozy». «J'habite en banlieue, alors j'essaie de voir ce qu'ils proposent par rapport aux jeunes des cités défavorisées, explique-t-il. Dans ma cité, tout le monde déteste Sarkozy. Ils ne voient que les histoires de "racaille", ils ne vont pas plus loin que la colère et la haine.» Les trois copains de son lycée qui l'accompagnent penchent, eux, pour le candidat UMP. «Il veut remettre les choses en place, et en France, c'est