Henri Emmanuelli est député socialiste des Landes. Il revient sur les difficultés pour la gauche et la candidate socialiste à imposer ses propositions sociales dans cette campagne présidentielle.
Il semble que Ségolène Royal ait du mal à imposer la thématique sociale dans la campagne. Pourquoi ?
Quand on interroge les Français, les questions sociales sont au coeur de leurs préoccupations : l'emploi, le pouvoir d'achat, les questions de logement ou de promotion sociale, la crainte de la précarité et la survie des systèmes de protection retraites, Sécurité sociale viennent en premier. Mais la droite n'a pas intérêt a ce que la campagne se déroule sur ce terrain, où elle est peu crédible. Alors elle met tout en oeuvre pour détourner le débat vers les questions d'ordre public, d'identité nationale, voire de conditionnement génétique, ce qui est stupéfiant. Parfois, une partie de la gauche elle-même substitue les questions sociétales aux questions sociales. Ce qui est absurde, parce que ces questions doivent toutes s'inscrire dans la même perspective progressiste. Ségolène Royal s'efforce de ramener le débat présidentiel sur les questions sociales, et nous devons l'y aider.
Le social serait-il aussi mal perçu à gauche ?
La tentation est de substituer le second tour au premier. De faire dès le premier tour une campagne de rassemblement de tous les Français sans distinction entre les catégories sociales. Or la synthèse doit être un dépassement par le haut, dans une dynamique, et non une réduction des antagonismes qui peut être vécue comme une négation ou un manque d'intérêt.
La gauche a-t-elle du mal à parler aux classes populaires ?
On sait que les catégories populaires se sentent ex