Alain Etchegoyen était un touche-à-tout boulimique. Décédé hier d'un cancer à l'âge de 55 ans, il fut tour à tour, et parfois même simultanément, enseignant, conseiller de chefs d'entreprise, membre de cabinets ministériels ou animateur d'émissions de télé. Agrégé de philo et auteur d'une vingtaine de livres, il était présenté comme«philosophe», un titre auquel il confiait ne pas tenir spécialement. Il s'était fait connaître en 1991 avec la Valse des éthiques, un ouvrage prétendant tirer les leçons des affaires de corruption qui empoisonnaient alors la vie politique.
Professeur pendant vingt ans au lycée Louis-le-Grand, il enseigna également dans un lycée professionnel de la banlieue parisienne. Il entendait dénoncer ainsi la règle qui veut que les meilleurs profs enseignent nécessairement dans les meilleurs lycées.
De Vuitton aux éleveurs de porcs bretons, en passant par Guerlain, Michelin et Usinor, il a conseillé des dizaines de sociétés. Son dernier ouvrage, Votre devoir est de vous taire, paru en 2006 (éd. Archipel), raconte en une douzaine de portraits son «voyage en politique». Un voyage dont Dominique de Villepin et Ségolène Royal sont les principales victimes. Au premier, Etchegoyen n'a pas pardonné son limogeage de la direction du commissariat général du Plan en 2005. Quant à l'actuelle candidate socialiste, le philosophe lui reproche de n'être intéressée que par la promotion de sa propre image de ministre déléguée à l'Enseignement scolaire. C'es