Jamais à court d'inspiration dans sa mise en scène de lui-même, Nicolas Sarkozy s'est ménagé hier une séance de patriotisme grandiloquent. Transporté en hélicoptère à Colombey-les-deux-Eglises, il est allé se recueillir sur la tombe du général de Gaulle. Il s'est fait photographier seul face au grand homme.
A six jours du premier tour, il tenait à montrer son intimité avec le chef de la France libre. Il l'a fait avec emphase, après une longue minute de recueillement : «La solitude, je la mesure. Elle fait partie de celui qui, à un moment donné, reçoit la confiance de ses compatriotes. [...] Le président de la République, c'est l'homme de la Nation, ce n'est pas l'homme d'un clan, d'un parti. C'est l'homme de la France.» Accompagné de son bras droit et possible Premier ministre, le gaulliste social François Fillon, le candidat de l'UMP a vanté chez le Général des qualités qu'il souhaiterait qu'on lui reconnaisse : «De Gaulle incarnait la passion de la France, la passion au service de l'intérêt général, de l'oubli de soi. Il incarnait la fidélité à ses convictions.» La rupturequ'il préconise, ce ne serait rien d'autre qu'un retour aux valeurs du gaullisme, une redécouverte du «sens de l'identité nationale française». Avant de sauter dans l'hélico du retour, Sarkozy s'est encore recueilli, toujours seul, devant l'immense croix de Lorraine qui domine le paysage. Sur le livre d'or, il a écrit : «Une grande vie, c'est une vie mise au service de quelque chose