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«Un arbre, c'est dur à redresser»

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publié le 30 avril 2007 à 7h29

Gray envoyé spécial

Jean-François vient d'acheter quelques plants de tomates et «du produit contre les taupes» chez Bailly Service, deux grands hangars dédiés «à la ferme et au jardin», dit l'enseigne située près de la gare de Gray. L'herbe mange les rails et il y a longtemps que le bus a remplacé les trains de voyageurs pour relier cette ville de 7 000 habitants au reste de la Haute-Saône. Le 22 avril, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête (32,34 %) devant Ségolène Royal (26,26 %), François Bayrou (15,33 %) et Jean-Marie Le Pen (13,44 %). Jean-François affirme que «même sa femme ne sait pas pour qui il a voté». Mais comme il est du genre affable, il poursuit la conversation : «Vous me donnez combien ? 55, hein ? Eh bien, je vais faire 61.» Va pour l'âge mais pour l'élection, tout de même, il a bien quelque chose à dire ? «Quand un arbre est penché, c'est très dur pour le redresser.» Jean-François prend un air entendu : «Vous ne trouvez pas que la France, elle est assez colorée ?» Il désigne du doigt un lieu invisible sur l'autre rive de la Saône : «Vous montez dans les quartiers, ce ne sont que des musulmans. Il y a des voitures et des poubelles brûlées. Vous voyez des gars dans la rue jusqu'à 4 heures du matin mais jamais la journée. Il faut bien qu'ils dorment s'ils veulent faire du trafic la nuit.»

Le soleil de midi écrase le rond-point voisin où trônent deux portraits de Ségolène Royal recouvrant une affiche pour un spectacle