Mercredi 28 mars
12 h 45
Un projectile surgit d'une voiture arrivée en trombe sur le parvis de la gare du Nord. La chenille se forme aussitôt pour foncer à ses trousses. La veille se déroulait ici la «guerre du Nord», les quais en sont encore chauds. La comète Sarkozy et sa queue de poussières tracent jusqu'en tête du train, laissant derrière elles des passagers bousculés, interloqués. Soudain, bref arrêt. Les caméras et les perches font cercle instantanément. Sarkozy parle. On ne voit rien, on n'entend rien. La mêlée confuse se propulse à l'intérieur d'un wagon de première.
13 h 55
Le train va arriver à Lille. Le candidat est seul, dans le sas d'accès au wagon. Le corps est là, se balançant rythmiquement entre talons et orteils, mais l'esprit est ailleurs. Nicolas Sarkozy au repos (si l'on peut dire) offre un spectacle d'inquiétude. Haussement compulsif des épaules comme pour chasser le poids de la veste (noire et légère), resserrements incessants du noeud de cravate (bleue à pois blancs) avec rotations du cou et rictus de pendu. Le visage est une mer démontée où les yeux roulent comme hors de contrôle. Les lèvres décochent des sourires automatiques à la demi-douzaine d'objectifs entassés dans le sas. Nous héritons d'un clin d'oeil déclenché par on ne sait quelles synapses. Le parachutiste s'apprête à sauter.
14 heures
Saut. Nouveau quai, nouveau corps à corps.«Bonjour, c'est Nicolas Sarkozy», jette l'in