Gray envoyé spécial
Annie, 42 ans, et Nathalie, 46 ans, sont assises sur un bout de tapis bouclé posé sur la pelouse où leurs enfants tapent le ballon et font des moulinets avec leurs raquettes. Le parc de l'île Sauzay à Gray (Haute-Saône), c'est à la fois la promenade du dimanche et la sortie des vacances de ces deux soeurs, mères divorcées, élevant seules deux et trois enfants. Annie fait des ménages, 27 heures par semaine pour 800 euros, Nathalie vit du RMI et d'allocations, 599 euros par mois. «Des femmes divorcées avec des bas salaires, il y en a plein ici», disent-elles en choeur. Le 22 avril, Annie a voté pour Besancenot, Nathalie pour Le Pen. Annie sourit : «Je suis la seule dans la famille à ne pas voter Le Pen.» Sa soeur raconte qu'elle choisit le bulletin du candidat du FN depuis «ses 18 ans». Elle habite aux Capucins, «la ZUP de Gray» (155 euros de loyer) : «C'est invivable, il y a trop de jeunes qui font des bêtises. Ils cassent des voitures, ils brûlent, ils picolent.» Annie, elle, a déménagé pour le centre-ville et un loyer beaucoup plus élevé (600 euros). Depuis deux semaines, «tout le monde lui dit qu'il faut qu'elle vote Ségo au second tour» mais, dimanche, Annie pense qu'elle votera «blanc». Parce qu'à ses yeux, ni la candidate PS ni le candidat de l'UMP «ne sont conscients de la situation des gens qui gagnent moins de 1 000 euros par mois». «On se bat pour exister, vous croyez que c'est une vie pou