Sur toutes les chaînes, en direct, la voiture de Ségolène Royal tente de se frayer un passage au milieu de la foule en liesse. «Surtout ne déduisez pas des images que vous voyez ce que nous allons vous annoncer à 20 heures». C'est que, à deux minutes de 20 heures, PPDA ne voudrait pas tromper le téléspectateur de TF1. Deux minutes plus tard, sur toutes les chaînes, dévoilé par une mosaïque (TF1), sorti des plis d'un drapeau (France 2) ou salué d'un «Bravo, patron!» par un Elkabbach de latex (Canal+), Nicolas Sarkozy est président.
Il ne l’est pas depuis trente secondes que, tout de suite, Royal tire la couverture télé à elle, prenant illico la parole. Un dernier happening, un baroud d’honneur, avant de laisser la place au défilé automobile de Sarkozy dans les rues de Paris suivi par des dizaines de caméras. Il baisse la vitre, sort son bras, remonte la vitre, la baisse encore.
Avant, ça a été un remake du premier tour. Comme il y a deux semaines, d’une chaîne info à l’autre, les mêmes images de machines à voter électroniques et Mémé qui, en deux semaines, a un petit peu progressé en informatique.
Les mêmes images aussi des Français votant à l'étranger et les mêmes images des candidats remplissant leur devoir électoral. Bayrou, d'un pas lourd, à Pau. Royal, en noir, dans une foule à Melle. Sarkozy, accompagné des mêmes belles-filles blondes, mais sans sa femme cette fois. Son sourire fend son visage en deux, d'une oreille à l'autre, «très souriant, hein»