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Analyse

La gauche en déroute identitaire

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Elle n'a pas su se rénover à l'image d'une droite sarkozysée depuis 2002.
publié le 7 mai 2007 à 7h36

Gauche, année zéro. Pour expliquer la sévère défaite subie hier, nombre de voix vont s'élever, à gauche, pour faire le procès de la candidate, fustiger ses erreurs, ou pointer une stratégie erratique. Dominique Strauss-Kahn a déjà pris la tête de ce choeur-là. Il n'a pas tardé à dénoncer la «très grave défaite» d'un camp «qui n'a toujours pas fait sa rénovation», en une sorte d'écho lointain à l'envolée de Michel Rocard contre une «certaine gauche archaïque» au soir des législatives de 1978.

Les fidèles de Ségolène Royal leur répliqueront en désignant tous ceux qui, au sein du PS, n'ont jamais reconnu sa légitimité et n'ont eu de cesse de la faire chuter pour ménager leurs médiocres intérêts futurs. Tous auront raison. Mais aucune de ces explications ne permet de mesurer l'ampleur de la crise d'identité de la gauche. Inscrit dans les résultats du premier tour, son échec arithmétique est la conséquence d'une défaite culturelle. Et d'une déculottée idéologique. Nicolas Sarkozy a gagné dans les têtes avant de triompher dans les urnes. Depuis 2002, il s'est imposé en référence incontournable, quasi unique, du débat public. Cinq années durant, ce sont ses actes place Beauvau et ses mots scandés depuis la présidence de l'UMP qui ont donné le ton. Tous, à droite comme à gauche, se sont positionnés par rapport à lui, à ses projets, à ses provocations. Certains de ses opposants ont même commis l'erreur de prétendre faire du scrutin élyséen un référendum sur