Plutôt que la clarté, un épais brouillard. Ou plutôt un «sfumato», une brume à enfumer les esprits, à dix jours des législatives : ainsi se présente la déduction des intérêts des emprunts immobiliers contractés pour l'achat d'une résidence principale, promise mardi par Sarkozy.
Déduction ou réduction ?
C'est la première embrouille. Le chef de l'Etat a bien parlé de déduction. Mais son cabinet utilisait hier le terme de crédit d'impôt. Deux termes inconciliables. Une déduction, c'est compliqué à expliquer et à mettre en oeuvre. Elle s'opère à partir du revenu imposable. Et pour un même prêt, la ristourne varie en fonction du niveau de revenus. Si c'est une réduction d'impôt, le calcul est plus aisé. Geoffroy Bragadir, le patron d'Empruntis, un courtier en prêts immobiliers, a sorti sa calculette. Exemple : un ménage gagne 4 400 euros par mois et emprunte 200 000 euros sur vingt ans, à 5 %, soit un taux d'endettement de 30 %. S'il s'agit d'une déduction du revenu imposable, à hauteur de 20 % des intérêts, et s'il a deux enfants, son économie d'impôt sera de 1 300 euros environ. S'il s'agit d'une réduction, le cadeau frôle les 2 000 euros. Hier, le cabinet d'Eric Woerth, ministre du Budget, en perdait son latin : «le " truc " est chez Borloo». Chez le ministre de l'Economie, on se retranche derrière les propos de Sarkozy : «Mais rien n'est tranché.» Hier, Henri Guaino, conseiller spécial de Sarkozy, a rajouté du brouillard en assurant qu'il y aurait «forcé