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Libération

Corriger le tir

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La messe est-elle dite ? Pas tout à fait. Près de 40 % des électeurs n’ont pas jugé bon de se déplacer. La vague bleue, cette fois, n’est pas accompagnée d’une victoire civique.
par Laurent JOFFRIN
publié le 11 juin 2007 à 7h00

Le grand chelem est à portée de vote pour Nicolas Sarkozy. Si les électeurs confirment le choix limpide exprimé hier, il aura réuni en quatre scrutins tous les pouvoirs de la République entre ses mains.

Certes, ce résultat dérive en partie de la logique institutionnelle et calendaire, qui offre au président les moyens de mettre en oeuvre son programme. Mais il faut le dire aussi: cette victoire aux trois quarts achevée est le résultat d’une sorte de sans-faute sarkozyen. Une campagne vigoureuse autour d’un projet clairement orienté à droite, un discours pugnace nuancé ici et là d’une touche de sollicitude pour l’adversaire, puis les premières décisions d’un gouvernement cohérentes avec la campagne, dussent-elles mettre à mal les finances publiques et favoriser d’abord les plus aisés des soutiens du nouveau président.

Telle fut la recette appliquée, tel en est le résultat. Dans une semaine, selon toutes probabilités, nous serons sur le toboggan d’un quinquennat à 100 % sarkozyen. Encore une semaine de répit…

Le journal les Echos, qui brille rarement par son engagement à gauche, le rappelait la semaine dernière: les mesures fiscales du gouvernement Fillon profiteront d'abord aux détenteurs des revenus les plus élevés. Le libéralisme des bien lotis, qui sert de boussole au nouveau pouvoir, est donc apparu au grand jour. Pourtant, les électeurs, parmi lesquels beaucoup ne roulent pas sur l'or, ont avalisé cette politique contraire à la justice sociale. C'est aussi le fruit de cette