A première vue, la spectaculaire progression des résultats de la gauche entre les deux tours des élections législatives n'est guère rassurante. Malgré les appels à la mobilisation des abstentionnistes lancés par ses leaders, la gauche (gouvernementale + extrême gauche) enregistre ses plus faibles gains, souvent inférieurs à 5 %, dans ses zones traditionnelles d'influence. Sa clientèle ne l'a d'ailleurs guère écoutée, comme en témoigne la stabilité du pourcentage d'abstentions d'un tour à l'autre. Pourtant, une autre clientèle l'a remplacée, venue du centre des grandes villes et des banlieues résidentielles, où la gauche fait des bonds supérieurs de 10 %. Nul mystère : ce surcroît de suffrages dessine presque exactement la carte des résultats obtenus par le Modem de François Bayrou le 10 juin. On peut vérifier le parallélisme des deux mouvements en additionnant les voix du Modem à celles de la gauche au premier tour : dans l'immense majorité des cas, on obtient, à 1 ou 2 points près, le résultat de la gauche au second. A contrario, quand le Modem ne présentait pas de candidat comme dans les trois circonscriptions du Lot-et-Garonne ou à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) , la gauche stagne.
Faille. Cette coïncidence n'est pas fortuite, mais relève de la mécanique politique la plus classique. La droite s'étant rapprochée de l'extrême droite, elle s'est éloignée du centre, qui occupe l'espace ainsi libéré. C'est d'ailleurs le même mécanisme qui produit les fameux tsunamis :