Autrefois, il fallait attendre le Canard enchaîné pour s'amuser des vacheries qui pleuvent dans les coulisses de la vie politique. Grâce à Internet et à la généralisation de l'enregistrement numérique, chacun peut aujourd'hui télécharger des dérapages sélectionnés et parfois tronqués. Certains deviennent des événements politiques, comme les propos insultants et machistes de Devedjian.
Ce fut aussi le cas, pendant la campagne, de la vidéo pirate dans laquelle Ségolène Royal suggère de faire travailler 35 heures les enseignants. Ou encore, dans un tout autre registre, du célèbre extrait de la conférence de presse d'un Sarkozy à bout de souffle au sommet du G8 à Heiligendamm.
Cette massification du faux pas, de l'insulte ou de la confidence oblige ceux qui se font surprendre à s'expliquer publiquement. L'éditorialiste Alain Duhamel (chroniqueur à Libération), «piégé» pendant la campagne par l'enregistrement d'une conférence à Sciences-Po où il confie qu'il s'apprête à voter Bayrou, est plutôt indulgent avec Devedjian. Cet échange grossier sur un trottoir entre trois élus, il l'a trouvé, lui, «plus ironique qu'insultant». Alain Duhamel reconnaît que la mise en ligne des petits secrets des politiques peut, idéalement, «renforcer le contrôle démocratique».
Mais à cette lecture optimiste, il craint de devoir privilégier «le risque écrasant d'une nouvelle forme de despotisme» : «Tout cela a un petit côté néo-Stasi, il y a toujours quelqu'un