Un homme peut-il attaquer en justice une femme qui a gardé un enfant dont il ne voulait pas? Et gagner? Cela aurait pu rester une banale histoire de drague. Benoît et Anne-Marie (1) se sont suffisamment plu pour coucher ensemble le soir de leur premier rendez-vous, fixé par petite annonce. C'est à peu près la seule chose sur laquelle ils sont d'accord. De cette union est né un enfant.
Quinze ans après, ils se retrouvent devant la Cour de cassation. Benoît poursuit Anne-Marie pour «faute» et demande réparation. Lui affirme qu'il n'y eut qu'un soir. Elle parle d'une relation de plusieurs semaines qui s'est achevée brusquement: «Je lui ai dit que j'étais enceinte. Il a tourné les talons.» Anne-Marie ne prenait plus la pilule depuis qu'elle était séparée du père de sa petite fille: «Je ne pensais pas à ça», se justifie-t-elle aujourd'hui. Elle a reçu sa grossesse surprise comme «un don du ciel».
C'était en 1991. Aujourd'hui Benoît parle d'un «désastre». Il décrit une «ruse machiavélique». Il se sent «piégé»:«Il n'y avait aucun doute qu'elle utilisait un moyen de contraception.»Refus de test. En 1993, elle l'assigne en justice pour une reconnaissance en paternité: «Je ne voulais pas de nom, pas de pension, juste qu'il soit clair avec cet enfant.» Benoît, avocat, se soustrait au test et multiplie les procédures. Las, en 2000, la justice le reconnaît officiellement comme le