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Libération

Le cas Patrick Henry

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1977, le "monstre"est condamné à vie
publié le 13 juillet 2007 à 8h49

Paru le 27 avril 2001

Le 30 janvier 1976, il est midi. A la sortie de son école, un enfant de 7 ans est enlevé par un inconnu, homme blond à lunettes que personne ne remarque. L'enfant s'appelle Philippe Bertrand, il vit à Pont-Sainte-Marie, dans l'Aube. Une famille sans argent à qui, une heure plus tard, le ravisseur réclame par téléphone un million de francs. Avant de cesser tout contact. «Ce salaud n'est pas de chez nous.» C'est la seule certitude des gens de la région. En fait, il est des leurs, et cette découverte, quelques jours plus tard, bouleversera autant l'opinion que son crime lui même. Ici et là, participant aux battues villageoises, le jeune homme blond. Une caméra de télévision capture même son image indignée. «Un enleveur d'enfant mérite la mort», lâche-t-il aux enquêteurs qui l'observent. Il s'appelle Patrick Henry, il a 22 ans. Le corps de Philippe est dissimulé dans un sac, sous son lit, étranglé, dans une pension de famille de Troyes. «Ne cherchez plus, c'est le gamin», dit-il aux policiers qui viennent l'interpeller. «Coupables de pitié». «Ce soir, la France a peur», lance un présentateur en ouverture du journal télévisé. Troyes devient cité de la haine brute. Les rues parlent de le lapider, de le torturer. Parce qu'il a tué, parce qu'il a menti, parce qu'il s'est joué de tous. Et aussi parce qu'il ressemble à chacun d'entre nous. Publiquement, fièrement, un avocat renonce à assurer sa défense. Dans la presse, Henry perd son prénom, puis son nom. Il est d