Etre la première dame de France de gauche et l'épouse officielle d'un François Mitterrand, par ailleurs chef d'une seconde famille officieuse : un vrai challenge que Danielle Mitterrand, ancienne résistante et authentique militante socialiste, choisit de relever en annexant une aile de l'Elysée pour sa fondation France Libertés.
En 1981, la gauche veut changer la vie. La voilà en pasionaria humanitaire dont l'engagement pour les réfugiés kurdes, les libertés en Tunisie ou l'aide à Cuba hérisse le très conservateur corps diplomatique. Et agace son mari qui pourtant laisse faire. «Danielle n'a jamais eu de mandat d'Etat, elle agissait pour son compte», confie à Libération Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand. En week-end avec les Bush seniors dans leur maison du Maine, le Président français prend un malin plaisir à raconter la rencontre de Danielle avec Fidel Castro: «Vous avez parlé à ce marxiste léniniste, ce dictateur!», s'offusque leur hôte américain.
Elle qui répétait avoir «le coeur plus à gauche que François», se plie aux contraintes protocolaires mais sans jamais oublier ses intérêts : «Je tenais mon rôle de représentation quand c'était nécessaire, et j'essayais d'utiliser au mieux les contacts établis [.] pour défendre mes causes», a-t-elle expliqué un jour à l'Express. On la voit poser dans des robes de grands couturiers. Une façon, aussi, de tenir son rang de «première épouse