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Libération
Interview

«Il faut agir dans un cadre sanitaire et non judiciaire»

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Justice. Christiane de Beaurepaire, médecin psychiatre à la prison de Fresnes :
publié le 22 août 2007 à 9h18

Christiane de Beaurepaire, médecin psychiatre et chef de service à la prison de Fresnes, décrypte les propositions de Nicolas Sarkozy sur le traitement judiciaire des pédophiles et les moyens de les soigner.

Comment traite-t-on la délinquance sexuelle en prison ?

A Fresnes, sur les 47 lits, le traitement des agressions sexuelles concerne 12 lits, pour un ensemble potentiel de 600 personnes. Les gens qui viennent l'ont choisi. Ce sont des méthodes de psychothérapie cognitivo-comportementalistes, qui reposent sur le groupe. Elles se concluent par une session sur la prévention de la récidive, où les participants apprennent à reconnaître la séquence qui précède le passage à l'acte et peuvent apprendre à le stopper. Nous avons de bons résultats. Mais c'est sous-dimensionné.

Que pensez-vous des propositions de Nicolas Sarkozy ?

La déficience du champ sanitaire a laissé la place libre à la justice, puisqu'il s'agit de protéger la société. Tout le problème, c'est que Sarkozy choisit la justice, alors que la pédophilie appartient au domaine de la santé publique. Quand on traite cette maladie on peut éviter la récidive. L'hôpital-prison qu'il propose me fait penser à ces centres de relégation à vie allemands. C'est une aberration. Ce qui est aussi navrant, c'est de voir qu'on va utiliser de l'argent pour enfermer les gens, en lieu et place de traiter les personnes. Ses déclarations bruyantes sont faites pour rassurer l'opinion publique, flatter la question sécuritaire et le sentiment de vengeance. Cela n'a rien à voir avec la prise en compte du problème sur le plan médical. Lorsque je l'entends