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Libération
Interview

«Mohammed VI, rassurant mais mal connu»

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publié le 6 septembre 2007 à 9h31

Pierre Vermeren enseigne à l'université Paris-I. Il a publié Idées reçues sur le Maroc (le Cavalier bleu, 2007), l'Histoire du Maroc depuis l'indépendance (la Découverte, 2006), et Maghreb, la démocratie impos­sible ? (Fayard, 2004).

Qu'est-ce qui a changé de Hassan II à Mohammed VI ?

Le principal changement, c'est que les gens ont cessé de vivre dans la peur, comme c'était le cas sous Hassan II et son ministre de l'Intérieur, Basri, qui vient de mourir. Hassan II était un roi très ­distant et redouté. Les Marocains le savaient très intelligent, mais aussi cruel. Mohammed VI, lui, est plus rassurant. Dès le début de son règne, il a bousculé le système policier qui régentait le pays en renvoyant Basri. Il a aussi affiché une volonté de transparence tout à fait nouvelle en reconnaissant que le régime avait échoué en matière de lutte contre la pauvreté. A la limite, au début de son règne, les Marocains ont eu plus peur pour le roi que peur de lui. Avec le temps, ces évolutions ont vu leurs limites : la nature du pouvoir fait que l'arbitraire persiste, que la corruption reste importante. Et puis il y a eu les attentats du 16 mai 2003, qui ont été suivis de grandes rafles policières, à l'ancienne. Enfin, on a tendance à oublier que la li­béralisation du régime avait commencé avant l'arrivée de Mohammed VI, en 1999. Hassan II avait donné le coup d'envoi de l'ouverture dans le domaine des médias et de la vie politique dès le milieu des années 90, notamment pour