Porto
envoyé spécial
«On aimerait la croire», soupire Didier Reynders, le ministre belge des Finances, à propos de son homologue française. Car c'est être en dessous de la vérité que de dire que Christine Lagarde n'a pas convaincu, comme cela était prévisible (Libération de vendredi) ses douze partenaires de la zone euro, réunis vendredi et samedi au Portugal. Sa mission était, il est vrai, impossible : comment faire croire à ceux qui savent parfaitement additionner deux et deux qu'avec une croissance en berne (1,9 % attendus cette année contre 2,4 % prévus), des cadeaux fiscaux distribués sans compter (15 milliards d'euros par an), une absence d'économie budgétaire et des réformes structurelles qui se font attendre, que la France parviendra à équilibrer ses comptes publics d'ici à 2010, comme elle s'y était engagée en avril, à Berlin, avant l'élection de Nicolas Sarkozy ?
«Efforts». Paris n'a donc pas échappé, en dépit de l'ambiance délibérément conviviale de cette réunion «informelle» et de l'absence du très exigeant grand argentier allemand, Peer Steinbrück, retenu à Berlin, à un nouveau rappel à l'ordre. «Les ambitions dont la France a fait preuve [.] ne correspondent pas tout à fait au niveau des attentes qui est le nôtre», a souligné avec un sens certain de la litote Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois : «La France devra amplifier son effort de réduction de la dépense publique.»