Dominique de Villepin ouvre son parapluie. Entendu ce jeudi pour la troisième fois dans l’affaire Clearstream, l’ex-Premier ministre n’avait plus qu’une personne lui évitant de prendre l’eau: l’ex-Président Jacques Chirac. Villepin a choisi de le mouiller, dans une note de 19 pages envoyée la veille aux juges d’instruction.
A l'entendre, Chirac était au courant de tout depuis le début. Après le rendez-vous initial du 9 janvier 2004, au cours duquel Dominique de Villepin avait reçu au Quai d'Orsay Jean-Louis Gergorin (vice-président d'EADS, futur facteur anonyme des listings Clearstream) et le général Rondot (électron libre des services de renseignement), il affirme avoir «informé le président de la République, au début de l'année 2004, dans le cadre de mes entretiens hebdomadaires et compte tenu de ses prérogatives particulières en matière internationale.» A ce stade, il n'aurait pas mis au courant Jean-Pierre Raffarin, faute de «disposer d'élements susceptibles d'être transmis au Premier ministre» de l'époque. De fait, les éléments transmis par Gergorin et Rondot étaient encore ténébreux.
Villepin nie toujours avoir donné le moindre feu vert à Gergorin en vue de transmettre, en mai 2004, des listings bancaires au juge Van Ruymbeke. Gergorin, soutenu par Rondot, maintient mordicus le contraire. Persuadé d'obtenir un non-lieu en matière de dénonciation calomnieuse (car il ignorait la fausseté des listings lors de leur remise par voie anonyme),Villepin