Menu
Libération

Le CNRS soudé contre le gouvernement

Article réservé aux abonnés
Les chercheurs dénoncent un possible changement de statut.
publié le 12 octobre 2007 à 0h43

Un nouveau bras de fer s'annonce entre le gouvernement et les scientifiques. Mercredi, à peine couronné du Nobel de physique, Albert Fert poussait un coup de gueule dans Libération : «J'ai envie de dire à notre ministre, Valérie Pécresse, d'éviter une approche idéologique, qu'il faut absolument garder la capacité de coordination, d'élaboration d'une stratégie nationale du CNRS, capacité dont l'Agence nationale de la recherche n'est pas dotée.»

La raison de cette sortie surprenante est aujourd'hui connue. Lorsqu'il reçoit le coup de fil, Albert Fert participe à la réunion du conseil scientifique du CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ordre du jour : avis sur le plan stratégique dont l'adoption est prévue au conseil d'administration du 18 octobre. Surprise : le directeur général du CNRS, Arnold Migus, explique aux participants que leur vote n'est plus requis. Tollé, demandes d'explications. Petit à petit, il avoue : le gouvernement a donné l'ordre de surseoir à tout vote sur le plan en attendant qu'il ait «précisé ses orientations». Lesquelles ? On parle déjà de transformer le CNRS en simple agence, distribuant des crédits, privée de politique scientifique propre.

«Nos collègues étrangers en sont restés sur le cul.» Ce propos d'un membre éminent du conseil scientifique décrit l'ambiance provoquée par ce coup de théâtre. Ses membres adoptent illico une série de «recommandations» à la ministre, plutôt rudes. Ils y rappelle