Député (PS) des Landes, Henri Emmanuelli s'oppose farouchement au boycott du Congrès. Il réunit aujourd'hui des parlementaires socialistes pour exiger un référendum.
Comment jugez-vous l'annonce faite par Jean-Marc Ayrault d'un boycott du Congrès?
Je la juge incompréhensible. Je comprends que le parti soit divisé sur l'adoption du traité, puisqu'il l'était déjà. Mais on ne peut remplacer un référendum qui a déjà eu lieu par un vote parlementaire. Le PS ne peut donc renoncer à exiger la tenue de ce référendum. Et le seul moyen de l'obtenir, comme nous nous y étions engagés lors des campagnes présidentielle et législatives, c'est d'aller à Versailles voter contre la révision. Je ne comprends pas qu'on laisse les mains libres au Président dès lors qu'il s'agit du respect d'un principe fondamental, le suffrage universel.
Alors, pourquoi cette annonce ?
Je ne me l'explique pas. Et c'est là qu'on retombe sur le problème d'une cohérence minimum. La liberté de conscience sur le traité lui-même, c'est-à-dire sur le oui et le non, difficile de faire autrement. En revanche, s'agissant du référendum, je ne vois pas pourquoi il y aurait finalement liberté de conscience. Si des socialistes ne situent plus la légitimité politique dans le suffrage universel, qu'ils le disent et l'assument ouvertement. Mais je ne pense pas qu'il puisse y avoir d'ambiguïté sur ce sujet.
Comment réagissez-vous aux propos de François Hollande qui a fustigé le «jeu» des opposants au boycott ?
C'est grave. S'il considère que la défense de la souveraineté populaire est une affaire de posture ou de tactique, c'est le signe d'une légèreté inquiétante. En politique, il faut avoir un minimum de cohérence. Et je parle bien d'un minimum.