Michel Onfray, fondateur en 2002 de l’Université populaire de Caen, a enseigné la philosophie une vingtaine d’années dans un lycée technique de la capitale de la Basse-Normandie.
Comment définiriez-vous la sensibilité politique des Caennais??
La ville est modérée, mentalement attachée à une droite de terroir et de traditions. En face, la gauche est dans la même veine, prudente, pas bien dangereuse. Philippe Duron [candidat du PS, ndlr] est aussi modéré, plus pragmatique que doctrinaire. En tout cas, les extrêmes n’y sont pas importants?: il n’y a jamais eu de complaisance de la droite à l’égard du FN. Dans cette ville universitaire et dans une région qui a vu fermer des usines comme Moulinex et la Société métallurgique de Normandie, l’extrême gauche existe, mais sans effets sur les affaires.
Quel regard portez-vous sur la vie culturelle et intellectuelle de la ville??
Quand j’ai quitté l’Education nationale pour me lancer dans ce projet d’Université populaire, je voulais retrouver l’esprit des Lumières qui perdurait au XIXe siècle dans la première université populaire, avec cette idée de la transmission du savoir au plus grand nombre. En matière de culture, Caen est dynamique sur le terrain de la musique (semaine de musique contemporaine, William Christie et les Arts florissants, le Cargö) ou de la littérature (le festival des Boréales, les Rencontres pour lire, l’Institut mémoires de l’édition contemporaineImec). Mais la Basse-Normandie n’est pas douée pour l’effervescence?: elle ne sait pas vendre son identité hors de la région.
Cette discrétion est un trait du caractère bas-normand??
Il y a une réserve normande. C’est une région de terriens?: il n’y a pas d’esbroufe ma