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Libération

La verve et la réserve

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Gaudin est un tribun pagnolesque, tandis que Guérini a gravi un à un les échelons politiques locaux.
publié le 9 février 2008 à 2h16

Donnez-lui une estrade, un micro, non, pas la peine, sa voix porte loin. Posez-lui une question, et le one-man-show démarre. Chaque fois de la même façon : Jean-Claude Gaudin fait rire, émeut, glisse un mot en provençal, une anecdote. C'est un conteur, un tribun, une bête politique. Une masse qui fait rigoler de son embonpoint en veste croisée, verbe haut, tonitruant. «Le premier inspecteur qui m'a inspecté [quand il était prof d'histoire, ndlr] m'a dit que j'étais un bon orateur, confie le maire (UMP) de Marseille. Je ne suis pas trop gêné de ce côté-là.» Après quinze minutes de digressions, il lâche : «Je me suis éloigné, peut-être.» Puis il sourit et s'éponge. Car le vice-président du parti sarkozyste a mouillé la chemise et l'auditoire s'est régalé. Gaudin a fait du Gaudin, inégalable roi de l'impro.

Contre ça, Jean-Noël Guérini ne fait pas le poids. Pas la carrure. Même si le candidat socialiste a fait de gros progrès : aujourd'hui, sur une estrade, il semble moins coincé qu'avant. Mais il reste une mouche face à un éléphant. Cela dit, attention à la caricature. Et si Gaudin ne faisait plus que cela : du Gaudin ? Les Verts raillent un «Fernandel au talent érodé». Il a 68 ans, dont quarante-trois au conseil municipal. Il y est entré en 1965, avec le socialiste Gaston Defferre, maire emblématique de la ville. Avec ça, difficile d'incarner le changement qu'il soutient avoir apporté à la ville depuis 1995. Il a dépassé l'âge de la